dimanche 27 novembre 2011

Vidéo - Un jour dans mon slip à Virlanie !

Ma mission à Virlanie est déjà derrière moi, et les vilains adieux avec les enfants qui la clôturent avec. Alors après avoir perdu mille trésors vidéos avec le vol de mon ordi, et mille autres avec la panne de mon appareil photo, je me suis quand même décidé à monter ce film.

On y voit un peu de Masaya, un peu des cours de maths et de typing que j'assumais à Magellan, et sur la fin une image incompréhensible qui n'est rien d'autre qu'une projection de dessin-animé-récompense du week-end. La musique peut vous paraître ignoble et c'est tout à fait légitime mais je l'ai choisie parce que c'est celle que les enfants chantaient et redemandaient inlassablement pendant toute la durée de mon séjour.



mercredi 2 novembre 2011

La maison du bonheur


Il y a trois semaines, j'en ai fini avec la fac. Et la douce période de soulagement et de bonheur manillais qui a suivi a coïncidé avec mon emménagement à Masaya Home. Après la maison de volontaires où j'ai vu se succéder une douzaines de colocs différents, c'est mon nouveau chez-moi jusqu'à la fin de ma mission, fin novembre. Je suis un veinard d'habiter là plutôt que dans une autre maison puisqu'en tagalog, Masaya signifie Heureux. Comme toutes les maisons d'enfants de Virlanie, on y trouve une organisation familiale philippine. Ma vie s'est comiquement adapté à ce nouvel environnement. Pour la décrire, je vais raconter le quotidien des enfants, mais ça ressemble aussi à une liste de choses étranges que je fais sans trop me poser de question.

Des enfants devant le sapin de Noël installé depuis
déjà 3 semaines, et moi en dessous
J'ai 21 frères et sœurs ici. Il y en a un de 42 ans, c'est un autre volontaire avec qui je partage le grenier, et 20 enfants ayant entre 6 et 12 ans. Ils portent parfois des surnoms marrants et leur vrai prénom a souvent subi le coup classique de l'approximation orthographique de prénom américain. Parmi ces 20 garçons et filles, on retrouve 3 « specials », des enfants ayant des besoins particuliers en raison de handicap mental ou trouble relationnel. En général, les autres enfants se foutent de leur gueule mais j'ai la naïve impression que c'est pas le cas à Masaya.


J'ai de nouveaux parents, Nanay Stella et Tatay Jess, mais aussi des tantes de substitution, les Titas Carlita, Alma, Tess et May-Ann qui elle est la social worker de la maison. Ils se débrouillent pour alterner et retrouver chacun leur tour leur propre foyer.

Si le coq domestique me réveille à 4h, je fais pas partie de la moitié des enfants qui doivent se lever pour aller à l'école à 5h. Parce qu'ici on a cours soit le matin, de 5 à 11h, soit l'aprem, de 12 à 18h. Je me paye donc le luxe de me lever à 6h30, pile à temps pour la deuxième fournée de petits déjeuners.

En parlant de luxe, j'entame donc chaque journée à grands coups de sardine-riz, corned beef-riz, ou encore foie de poulet-riz les jours de chance. Mon boulot et mon statut temporaire me permettent d'éviter toutes les tâches ménagères qu'assument les enfants à tour de rôle : balayage, cirage du sol avec une demi noix de coco, lessive...

Quelques photos de minus en cours

Après le déjeuner vers 11h, ceux qui étaient à l'école le matin font la sieste. Et moi je retourne dans ma salle de classe, désespéré de savoir que la première fournée d'enfants tout juste sortie de leur sieste aura inévitablement la tête dans le cul. Mais en ce moment j'ai de la chance : les enfants ont des exams donc je les aide à réviser directement dans les maisons. Si je m'organise bien, je peux m'empiffrer 3 déjeuners et autant de goûters dans plusieurs maisons différentes. J'ai mis longtemps avant d'appliquer la règle qui permet ce subterfuge : ne jamais dire non par politesse, parce que justement ici c'est pas poli.

Ma boss et moi à une sorte de réunion parents-profs,
et je peux vous dire que j'étais pas du côté des parents

Puis je fais ma prière tous les soirs. À 18h, je sors de Magellan en me pressant vers Masaya, juste à temps pour le Bilog. C'est une réunion où nous sommes tous assis en tailleur en formant un cercle. Des prières sont chantées en tagalog, puis viennent des explications, informations ou encore remontages de bretelles de la part des parents. Après son engueulade familiale, le petit Jeremie y réfléchira à deux fois lorsqu'il voudra faire l'école buissonnière pour dessiner un Angry Bird sur le capot d'une Sibikonda.

Une Sibikonda, c'est une Civic Honda. Il m'a pas fallu longtemps pour traduire puisque j'ai aussi fini par choper l'accent philippin. En plus du tagalog, rouler les R et transformer les V en B et les F en P permet aux enfants de me comprendre plus facilement pendant les cours. Devinette : TRee times PiBe ? PiPteen.

Après le Bilog vient le repas. Encore une fois, les enfants mettent la table, la débarrassent, font la vaisselle et apprennent progressivement l'autonomie. Puisque le degré de responsabilité varie selon l'âge, il y a une grande perdante : la seule grande qui a école l'aprem et qui se tape la vaisselle de 25 goinfres tous les soirs. Pendant ce temps, mon coloc et moi partons faire un petit tour dans le quartier pour retarder l'heure du coucher.

Fin de repas à la table des garçons


C'est généralement en regagnant la chambre que l'immense rat vient me rappeler qu'il remplace ici les souris de la maison de volontaire. Et à 19h30, je suis déjà dans mon lit, prêt à récupérer des interminables sessions de jeu où les enfants m'exploitent pour défouler leur hyperactivité.


Dans 3 semaines, et au terme de cette immersion géniale, ma mission à Virlanie prend fin et mon rôle auprès de tous les minus avec. Pour ne pas trop y penser, je pars exhiber mon maillot slip à Palawan en compagnie d'un joyeux luron.