jeudi 8 septembre 2011

Article scientifiquement jugé 3% Ange et 97% Démon



Cet article est à gerber. Si je l'avais lu en arrivant aux Philippines, j'aurais probablement traité son auteur de Foutu Prince en le gratifiant d’un brave commentaire anonyme.

Avant de voir comment cet article est immonde, voyons pourquoi est-ce qu'il parait ainsi. Pour ce faire, il suffit de noter que l'image qu'on se fait des Philippines, du moins celle qui m'est apparue avant de venir et même pendant, c'est celle des vagabonds stylés. Je parle pas du paradis des guides touristiques, je parle du paradis de l'instrumentalisation et de la fabrication de soi et de ses expériences dès que celles-ci trouvent un interlocuteur et doivent passer par le prisme de la narration. En gros, je parle des images facebook, des récits candides, et de toute autre construction ciblée qui peint une vie peace et intégrée dans un pays pauvre mais heureux (et si l'on peut à tort considérer ça comme une critique, alors elle ne m'est pas étrangère et je suis content de faire harakiri dans mon slip).

Objection générale
En dépit de choses infectes qui vont suivre, je dois préciser qu'au fond, il est possible d'avoir une vie presque-peace et presque-intégrée malgré tout. Mais ça on s'en fout parce que tous les autres articles de ce blog le laisseront probablement présager.


Alors pourquoi est-il mauvais de décider de ne refléter que l'image qui contribuera de faire de vous un type stylé super peinard dans un pays-qui-a-rien-à-voir ? (c'est une non-question)
Pourquoi, plutôt, est-ce que la réalité serait déconnectée de cette image étalo-stylez ?

Et bien parce que la réalité est aussi hostile. Et le faux vagabond que je suis sied à son environnement avec autant de pertinence qu’Arthur, Timsit ou Boujenah dans le costume de comique.


Voyages de rêve et aisance physique

Laissez-moi vous raconter notre expérience à Mamutik, mini-île au large de Kota Kinabalu en Malaisie. Lors d’un très court voyage prétexté par des questions de visa, nous nous sommes retrouvés sur une plage de sable blanc baignée dans une eau turquoise. Une fois la nuit tombée, un feu de camp animait notre soirée sympax sur cette île désertée par les innombrables touristes venus faire dorer leur calvitie durant la journée. Mais les touristes comme les taxi-drivers arnaquo-malicieux n’ont pas la force de frappe de Mère Nature.
Et celle-ci impulsa mon angoisse qui suivit la soirée : la nuit intoxicationo-vomiste qui amorça mes déboires, ou encore cette image très précise d’un sachet plastique percé ballotant sur la portière du taxi, rempli d’une bile fluo qui s'en allait flotter jusqu'au pare-brise de la voiture de derrière.
Bref, ici, il n’y a pas que la bataille typhons/chaleur qui remet les idées du vagabond stylé à sa place. Et à Manille, outre les repas bon marché qui se paient cher sur la cuvette (désolé, la turista est taboue mais pourquoi lutter et mentir devant Mère Nature ?), il y a eu par exemple  5 volontaires de mon ONG qui ont chopé la dengue en 1 mois, ce qui est beaucoup.

Camping paradisiaque à Mamutik
Réveil paradisiaque de l'ami Thierry



















Objection 
Les voyages ne sont pas tous agrémentés de ces déboires rappelant aux vagabonds stylés leur statut de simple-mortel, et ils sont surtout propices à mener une belle vie de découvertes, dépaysement, plongée et autres balades en moto. Et constructo-hypocrite ou pas, cela constitue l’essentiel de ce que l’on en retient, parce que c’est l’essentiel que ça nous apporte.



Ne parlons plus du statut de blanc ou des pièges harcélo-sexuel dont nous sommes victimes. Et voyons pourquoi l’intégration ici, du moins en ce qui me concerne ainsi que mes amis volontaires, connait des barrières moches. Elle est déjà à la base conditionnée par le sus-dit statut de blanc : tous les passants dans la rue ne sont pas interpellés, accueillis ou invités avec la même spontanéité que nous. Et en plus de ce biaisement originel, les rapports humains se compliquent rapidement par d’autres facteurs hostiles au partage simple : la langue, la relation à l’argent, le culte philippino-humble de la non-franchise, ou plus universellement notre situation de type-de-passage.

Objection 
J’ai tout de même des rapports sympas et dénués d'intéressement avec les convivio-alcooliques conducteurs  de tricycle de ma rue, des collègues de Virlanie ou encore des Philippins coolôs de la fac. Et mes semi-colocataires français près d’Ateneo ont concrètement de super relations avec la rare middle-class alternative (comprendre éduquée mais non-obsédée à la réussite financière) de leur petit quartier grouillant de belles personnes engagées.


Vie peinarde sous les tropiques

Ouais bon je dois dire pourquoi cet article est immonde et noir. Je suis en ce moment en slip, seul, dépouillé, séquestré et plongé dans un huis-clos dynamico-négatif gerbant. Je me suis fait cambrioler dans la nuit, et les voleurs probablement dirty-upper-lipés ont refermé le cadenas de la maison après s’être saisi de mon ordinateur adoré qui reposait à 50cm de mon corps de grotesque blanc ensommeillé semi-nu. Bref, les vols lâches à l’arraché ou les cambriolages ne sont pas supra propices à l’installation d’une confiance sereine. D’autant plus que dans les cas impliquant des volontaires (ceux dans lesquels je baigne), les victimes sont pris pour des ducons malgré leurs meilleures intentions et la raison de leur présence ici.

Objection 
Bon déjà connard, les vols c'est pareil partout, dans tous les coins du monde où coexistent pauvreté, richesse et convoitise (encore un coup de Mère Nature).

Contre-objection 
Mais ici l’implication de ce fait-à-accepter est dégueulasse. La sécurité devient une affaire privée : ceux qui ont quelque chose à protéger, étrangers comme riches Philippins, se parquent dans des quartiers gardés, ne prennent pas les transports en commun et se rencontrent dans des lieux semi-surveillés par des gardes privés encapotés dans un uniforme kitsch à l’extrême... Le problème ne disparait pas, on s'en protège simplement tant bien que mal. Alors quel intérêt de vivre dans pays si c’est pour s’en couper ?

Contre-contre-objection 
Il serait absurde et idiot d’établir un lien entre les gens malveillants et les bénéficiaires des actions humanitaires des cibles potentielles des enfoirés. Il n’y a donc pas véritablement coupure, mais simplement à miser sur deux tableaux différents.



Pour revenir a posteriori sur tout ça et sur l’objection générale du début de l’article, je me sens bien ici. Et l’impression d’être limité qui s’impose à moi ne remet aucunement en cause les apports que je trouve ici ni la vie que j’y mène. Bref, les photos et récits candides ne sont finalement peut-être pas déconnectés, mais habilement partiels.

1 commentaire:

  1. Arrete avec Boujenah putain il a rien a voir avec arthur ou timsit, c'est juste un comique qui a du coeur

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